Respect de l'environnement et relance de la croissance économique : chiche!

Publié le par Michel Lefrançois

Il est encore temps d'agir pour la planète
Il est encore temps d'agir pour la planète

Michel Lefrançois

Administrateur de société certifié , Directeur général de banque mutualiste régionale retraité 
 

Patrick Artus, directeur de la recherche et des études chez Natixis et professeur d'économie, nous prédit des années difficiles au plan de la croissance économique et il considère que le gouvernement français est dans une impasse. S'il réduit le déficit public au niveau des engagements pris il plombe la croissance pour plusieurs années, s'il ne le fait pas il creusera le déficit et augmentera fortement la dette dans un contexte de probable augmentation des taux de refinancement.

La France est dans une impasse :

Il y a lieu de constater que malgré le quantative easing, la planche à billet de la BCE, qui devait favoriser la croissance et la reprise de l'inflation, les investissements n'ont pas repris alors que les liquidités sont abondantes et les taux historiquement bas. La reprise d'un cycle de croissance n'arrive pas à s'enclencher, du moins en France.

Dans notre contexte et à la lumière de ce que nous observonons, les leviers budgétaires et fiscaux, seuls ne semblent pas adaptés pour à la fois réduire le déficit public et relancer durablement la croissance du PIB.

La France est prise dans un étau : La croissance du PIB de 0,2% au T2 2018 conduit à revoir à la baisse la croissance du PIB de l'année 2018 de 2% à 1,7% au moment où la dette publique atteint 99% du PIB au T2 2018. Elle s'élève à 2299,8 Milliards d'€ et la dette de l'Etat progresse de 19,5Milliards d'€ transformant B Lemaire et G Darmanin en aspirateur à taxe et impôts supplémentaires et, les conduisant à remettre en cause le plan climat de Nicolas Hulot.

Les politiques menées n'ont pas l'impact attendu sur l'amélioration de la situation financière et économique du pays, c'est une évidence. Il faut donc agir différemment d'autant qu'on ne peut plus compter sur l’augmentation de la consommation des ménages car les français semblent être entrés dans une phase de déconsommation et la relance par la consommation tend généralement à  faire croître les importations.

En effet, la consommation des ménages a reculé de 0,1% au T2 2018/T1. Le commerce extérieur a également eu un impact négatif sur le PIB, la forte hausse des importations (+1%) n'ayant été que partiellement compensée par celle des exportations (+0,2%). 

La seule bonne nouvelle se trouve dans l'investissement des entreprises, qui a accéléré +1,3% après +0,1% au premier trimestre, mais ce n'est pas suffisant pour dessiner une tendance.

Ces données sont certes conjoncturelles. Mais elles confirment les observations sur plus longues périodes. 

Une vision et de l'audace :

Alors que gouvernement semble inefficace et incapable de se sortir de cette situation certes difficile, c'est le moment de prendre une nouvelle direction et des initiatives en ce sens. De nouvelles pistes sont à explorer et l'économie dans son ensemble est à orienter vers de nouvelles perspectives et de nouveaux débouchés dans un contexte de concurrence mondiale dans lequel l'Europe et surtout la France sont à la peine, mais pas l'Allemagne.

Mais ces nouvelles voies doivent combiner et rendre compatible la croissance économique, le plan climat et la défense de l'environnement. Elles représenteront d'importants relais de croissance pour notre économie.

La croissance recherchée doit en aucun cas entrainer une augmentation des émissions de CO2 et des pollutions en tout genre. Elle doit au contraire avoir pour objectif de les réduire. C'est devenu un impératif absolu que de préserver notre environnement. La démission de Nicolas Hulot doit interpeller et mobiliser chacun d'entre nous.

L'Etat doit donc être à la manoeuvre, contribuer à tracer la voie et favoriser l'émergence de relais de croissance. Le fait-il ? Pas assez. En ce sens il doit être plus imaginatif et audacieux quitte à prendre quelques risques.

Des actions concrètes, durables pour le bien commun :

Je pense que les axes suivants qui constituent de mon point de vue un ensemble cohérent vont en ce sens :

- Soutenir fiscalement et par l'action de l'Etat à l'étranger les secteurs exportateurs de notre économie car notre déficit import/export est important (63 milliards d€ en 2107) et constant. Il faut même envisager de réindustrialiser notre économie dans certains secteurs par des actions et des appuis de l'Etat central et des régions.

 -Initier un plan stratégique à 5 à 10 ans pour le plan climat, de sauvegarde de l'environnement et de l’écologie. Ce plan touche de nombreux domaines et doit devenir la priorité de la France qui doit devenir un modèle à l'échelle internationale non pas par les discours mais par des actes concrets. Il convient de consentir un investissement à long terme qui justifierait quant à lui d'alourdir le déficit budgétaire. Il faut en effet revoir notre modèle dans son ensemble et en particulier : repenser et réorganiser la production et le transport de l'électricité, développer les énergies renouvelables contre les énergies fossiles, repenser notre conception de l'habitat, relancer la filière bois contre le tout béton, revoir en profondeur les pratiques culturales et .....la liste est longue et porteuse de progrès.

-Refonder le modèle agricole qui est dans une impasse totale au plan écologique et économique en France et en Europe.

-Investir plus fortement dans la recherche/enseignement pour développer la connaissance et l'innovation et ainsi soutenir la reconversion de notre modèle économique et social,

 -Requalifier une partie de la population pour résoudre le problème des offres sans preneur en améliorant la formation générale continue et lutter contre l'analphabétisme.

 -Assurer le développement économique équilibré des territoires (cf 12 propositions du Medef,

 -Investir  dans la culture pour rayonner,

 - développer de coopérations fortes et de long terme avec l'Afrique

- Stabiliser les règles fiscales et successorales pour rassurer donner une visibilité aux agents économiques,

 -Redonner confiance aux gens sinon les agents économiques se replient.

Une saine gestion de la dette publique au service de l'avenir :

Ces mesures feront accroître la dette publique. Certainement et il faut le chiffrer mais en aucun cas le déficit budgétaire ne doit être rejeté en fonction d'un dogme. Il doit bien entendu être maîtrisé et permettre de nous sortir de l'impasse actuelle.

Le seuil de 3 % du produit intérieur brut défini dans le cadre du traité de Maastricht et du pacte de stabilité et de croissance (Amsterdam, 97 ; Bruxelles, 2005) en dogme est une aberration. . Face à l'inefficacité des politiques néolibérales qui ballottent nos économies de crise en crise, l'Etat doit réparer l'avenir en investissant dans les secteurs stratégiques. Le déficit devient alors une arme efficace dont l'usage  ainsi que le remboursement de la dette ainsi créée sur le long terme sont justifiés et assureront une croissance du PIB.

 Or les politiques d'austérité conduites sont trop indifférenciées en application de ce seuil, ce qui bloque l'adaptation de nos pays et de leurs économies comme les espoirs de relance durable et vertueuse.

Changer de logiciel et de personnel politique :

Il n'y a pas de fatalité, il n' y en a jamais. Le gouvernement ne doit pas seulement administré il doit maintenant gérer les affaires. Pour ce faire il faut une vision, impulser des actions dans sa direction et sur le long terme. Mais les élites tournent en rond en remuant toujours les mêmes mesures apprises à l'ENA ou ailleurs. C'est  la dynamique que la France doit proposer à l'Europe pour la sortir de ces démons actuels.

A vous lire, à discuter, merci.

ML.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article